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Quoi de neuf ? Il y a quelques jours les Français, par leur vote, ont exprimé une volonté de nouveauté, d’autres manières de faire de la politique et de se retrouver autour de valeurs dites « républicaines ». Bref ils veulent du neuf.

Neuf est un mot à double sens : il désigne à la fois le chiffre qui suit huit - et on verra plus loin, celui qui précède 10 - mais aussi ce qui est nouveau : des « habits neufs », une « maison neuve ». C’est bien sûr ce neuf là que les Français ont désigné ce dernier dimanche électoral.

Les locutions peuvent nous aider à poser le problème. On dit : « faire du neuf avec du vieux », « propre comme un sou neuf », « remettre à neuf », les « rénovateurs », la « terre neuve » synonyme de « nouveau monde », le « château-neuf », la « ville-neuve »… Le neuf est alors porteur de jeunesse, de progrès, de dynamisme.

Quand on parle chiffre, neuf est avant tout le chiffre de l’enfantement : les neuf mois de grossesse qui séparent l’union et la séparation de l’enfant avec sa mère.

C’est aussi le chiffre avant dix, celui qui cache la dizaine qui comporte un chiffre de plus : avez-vous vu, dans les commerces, depuis quelques années, le nombre d’articles à vendre au prix étonnant de 9,99 € ? d’où la pénurie de pièces de 1 centimes que certains pays européens ont fait disparaitre. Le chiffre de 10 € ferait-il peur ? Cette manie de vouloir cacher la vérité du prix par un rabais illusoire m’a toujours paru malsain. Comme si on ne voulait pas dire clairement les choses. 2,999 millions de chômeurs seraient mieux que 3 millions ?

Beaucoup ont dit que les votes du deuxième tour étaient des votes « par défaut ». Les résultats n’ont, en effet, désigné aucun gagnant et personne ne peut revendiquer la victoire. Les perdants seront ceux qui, n’acceptant pas la remise en cause d’eux même et de leurs partis, camperont sur les attitudes anciennes.

« Les habitants demandent une révision déchirante des habitudes et des prétentions pour une démocratie réelle des cœurs, des comportements et des intelligences » a écrit André Flageolet sur sa page FB. Ils le demandent à nos dirigeants, dans toute leur variété d’exercice de leurs responsabilités. Mais arrêtons de croire que seuls les édiles sont concernés : nous avons tous à nous questionner, individuellement et collectivement, sur ce qu’est notre nouvelle société, sur son devenir et sur la place que nous y occupons maintenant et plus tard.

Ecoutons aussi nos voisins, à commencer par les exclus et les plus humbles : ils ont beaucoup à nous apprendre. Il nous reste peu de temps… peut-être neuf mois.

 

Philippe DRUON, Président du CPIE Villes de l’Artois