Quatre-vingt. 80km/h sur les routes sans terre-plein central à partir du 1er juillet : Voilà une mesure qui fait parler et, comme pour tous les sujets en France, il y a les pour et les contre : un clivage de plus !
D’un côté, il y a les « Ça ne changera rien », les « de toutes manières, on se fait doubler tous les matins par des voitures qui vont bien plus vite », les « laissez-nous travailler » et aussi « ils n’ont qu’à améliorer les routes ! ».
Et de l’autre, on trouve les adeptes de la conduite apaisée, plus courtoise, qui confirment quelques vérités comme « la mortalité est fonction de la vitesse », « 10km/h en moins ce n’est que 2 minutes en plus sur un trajet moyen ».
Et entre deux, il y a les radars et lunettes-tachymètres que presque tous perçoivent comme un contrôle - voire une persécution - insupportable : les stigmates de cette persécution sont bien visibles sur chaque appareil. Car il faudrait être bien angélique pour prétendre que le conducteur lambda est capable de s’auto-contrôler.
En Europe du Nord, il y a aussi de nombreux radars installés le long des routes ou autoroutes. La plupart sont constitués de boules en haut de poteaux. J’ai toujours été surpris que, quand une vitesse limite est affichée, elle est strictement observée : ainsi, l’autoroute d’entrée à Amsterdam, sur 6 voies, est remplie de véhicules roulant exactement à la même vitesse, aucun ne cherchant à jouer au « pousse-toi-que-je-m’y-mette ».
En Angleterre, l’affaire est différente : si vous ne respectez pas la réglementation, que vous stationnez sur un trottoir, c’est un voisin ou un autre citoyen qui vous signalera auprès des autorités.
Pire, en Corée (du Sud car au Nord point de voitures !), il y a même des professionnels de la chasse à la faute : des caméras embarquées filment les fautifs et, si ceux-ci ne veulent pas payer les délateurs, les preuves sont envoyées sans scrupule à la police qui verbalise… « La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique » écrivait Blaise Pascal ...
On peut blâmer ou féliciter le gouvernement - selon son camp - pour une telle mesure.
Je voudrais ajouter un argument économique que l’on a peu attendu : le « coût du mort » a été évalué, en 2007, à 1,2 millions d’euros, selon l'Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR). Ce coût prend en compte les coûts médicaux, coûts matériels, frais généraux, perte de production future des tués, perte de production potentielle de la descendance potentielle des accidentés, et enfin préjudices moraux. Pour 4443 personnes, le coût a atteint 24 milliards d’euros en 2008.
On comprend vite alors, l’intérêt du gouvernement pour la mesure qui, avec les chiffres annoncés de diminution de mortalité (autour de 400 personnes), pourrait économiser plus de 3 milliards d’euros, chiffre égal au marché annuel des fleurs en France ! Bien sûr des esprits chagrins nous diront que s’il y a moins de morts, cela va nuire au marché des fleurs !
Le CPIE retiendra que cette mesure est susceptible de diminuer la consommation et la pollution… Moins vite, plus loin !
Philippe Druon, Président du CPIE Villes de l'Artois