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Ces jours derniers, par peur d'être rationnés, beaucoup sont allés, à toutes pompes, voir leur pompiste, parfois au marché noir, pour chercher l'essence et les huiles essentielles. Arrêtons-nous un peu sur les mots grâce à Alain Rey, grand spécialiste de l'étymologie et rédacteur du "Robert" dictionnaire historique de la langue française.

RATION : Le mot a désigné en ancien français, nous dit-il, la partie de la solde d'un militaire mise en réserve, en commun. Au 17ème, on utilise le mot pour désigner la quantité de pain, de biscuit, de viande, de vin, donnée quotidiennement aux marins, puis, par analogie, à chaque soldat. Quand quelqu'un dit "J'ai ma ration ", c'est qu'il est "à satiété ". Nos parents ou grands-parents se souviennent encore de cette époque, pendant la guerre, où les denrées étaient rationnées. Ce qui n'a pas manqué de créer un marché parallèle dit "marché noir ".

 POMPE : Quand le mot est tiré du latin "pompa " il désigne la procession, le cortège, souvent avec éclat et faste. Il donne l'adjectif "pompeux ", la locution "en grande pompe " et les "pompes funèbres ". Mais POMPE est un mot à double racine pouvant désigner aussi la machine permettant d'aspirer ou de refouler. Il a désigné, de manière familière, les chaussures : "marcher à côté de ses pompes " ou "courir à toutes pompes" . "Avoir un coup de pompe " est synonyme de comportement dépressif. Et cette racine du mot a donné le terme pompier et pompiste pour des raisons bien évidentes.

 ESSENCE : Le mot est emprunté au latin et signifie, au départ, la nature d'une chose. Il a donné la locution "se croire d'une essence supérieure ". Par analogie, nous dit l'auteur du dictionnaire, le mot fut utilisé en alchimie pour désigner "la substance la plus pure que l'on peut tirer de certains corps ". Il désigne aussi l'extrait que l'on tire de certaines plantes : ce sont les "huiles essentielles".

Patrick Viveret, philosophe et auteur – notamment - du livre "reconsidérer la richesse ", a l'habitude de dire que le comportement de la bourse est irrationnel et souvent proche de l'hystérie. On sait maintenant que le français ordinaire dont le réservoir est vide est capable de la même hystérie. Chacun y allant de ses arguments : "je suis artisan, je suis infirmière, je suis retraité, je dois conduire mes enfants à l'école, j'ai 40 kms à faire tous les jours pour aller au travail ".

Si on a pu constater une moindre circulation sur les routes et des vitesses plus économes, il ne semble pas qu'il y ait eu un report massif sur les transports collectifs ou les modes doux. Et pourtant, la quantité d'essence étant limitée, il faudra un jour pratiquer le rationnement : parce que les transports en commun et les services d'urgence en auront besoin prioritairement. Quelques villes ont anticipé cette époque future. On les appelle des " villes en transition ". Bristol, au Royaume-Uni, pourrait, demain, se passer de l'énergie fossile car il a écrit comment les services de la ville pourront fonctionner et comment les citoyens pourront se chauffer, se déplacer,... sans pétrole.

Nous avons encore, tous individuellement, à faire des progrès pour diminuer notre dépendance au pétrole !

 

Philippe Druon

Président du CPIE Villes de l'Artois